Cours de physique chimie

Lancaster avait prit soin de vérifier trois fois le contenu de sa mallette avant de sortir de sa chambre, lavé et rasé de prêt, un costume sur mesure soigneusement porté. Le jeune homme regarda sa montre alors qu'il arrivait vers le bâtiment des cours. C'était le premier de l'année. Et il devait bien avouer que cela l'angoissait un peu. Commencer l'année par un cours dans lequel certes il était bon mais n'excellait pas n'était pas ce à quoi il s'attendait. Il avait l'habitude de toujours réussir parfaitement ce qu'il entreprenait en cours. Il savait bien pourtant que même s'il trouvait les sciences intellectuellement intéressantes il était loin de réussir à saisir les concepts de telles réflexions du premier coup. Alors oui, il se sentait nerveux par ce nouvel emploi du temps, même s'il se rendait sans peine compte de la chance qu'était la sienne de pouvoir avoir accès à de tels enseignements, surtout dans un tel établissement, mais justement... De quoi donc aurait-il l'air s'il faisait une erreur ? Ne décevrait-il pas son professeur ?

Autant de questions qui se bousculaient dans sa tête et nouait légèrement son estomac alors qu'il regardait une fois de plus sa montre. Non, il n'était pas en retard. Il avait bien prit garde à avoir au moins un quart d'avance, et constater qu'il était parvenu à se tenir à cela le rassurait un peu. Bon... La salle de classe n'était pas loin, et c'est sans peine qu'il la trouva, porte déjà ouverte. Une dernière hésitation, une dernière inspiration et Lancaster pénétra dans la salle de cours, balayant d'un coup d'oeil ce qui se présentait à lui.

Et s'arrêtant presque immédiatement sur le professeur. Enfin, ce devait sans doute être le professeur... Son apparence plutôt... originale fit un instant douter Lancaster, et légitimement sans doute. D'ailleurs, il avait légèrement écarquiller les yeux. Juste quelques secondes, bien entendu, il ne comptait pas rester ainsi à le dévisager. Mais quand même... Quel prof, s'il pouvait se permettre ! Mais Lancaster n'en oubliait tout de même pas la politesse, et même si son nouveau professeur, monsieur Myers s'il se souvenait bien, avait une façon de s'abimer quelque peu... originale, il était hors de question qu'il oublie ses manières. Il s'inclina poliment, à la façon japonaise, et c'est sans accès qu'il dit :

_Bonjour, professeur Myers. Je suis Lancaster Knight.

Un nouveau coup d'oeil à la salle, déjà entièrement préparée, et Lancaster prit sur lui d'aller s'installer au premier rang afin d'être certain de suivre correctement le cours. Enfin, s'installer était peut être un bien grand mot... Il se contenta de poser sa sacoche en cuir contenant sa blouse soigneusement pliée, ses lunettes de protection, son carnet et son encrier ainsi que son micro ordinateur, n'osant s'assoir. Non, il préférait attendre que la consigne soit donner, attendre que les autres élèves soient arrivés. Et surtout, il préférait attendre qu'on lui dise à quoi exactement il avait à faire avant de s'approcher de la paillasse si "joliment" décorée.

Fébrile, Noboru dut s’y reprendre trois fois avant de boutonner correctement sa blouse, plus grise que blanche, fatiguée par des années de lycée et de cours intensifs. Sur le bureau, l’horloge indiquait 7h30 et les minutes semblaient rechigner à avancer à une allure correcte. Il n’en pouvait plus. La veille au soir il avait préparé ses affaires avec le plus grand soin, un sourire presque attendrit aux lèvres. On l’avait surnommé le matheux pendant de longues années, et son père était désormais fier de le présenter comme étant son digne héritier mais Noboru savait que ce n’était pas les mathématiques qui le passionnaient, mais bien les sciences.

La chimie.

La description quantique de l’atome, les forces intermoléculaires, la thermodynamique, les états de la matière, la mécanique newtonienne… Tout ce qui l’avait fait rêver pendant toutes ces années (scolaires) sans que jamais ses professeurs n’abordent ces thèmes, se contenant à deux trois autopsie de grenouille et des solutions acides à tester sur du pain. Il avait cartonné à la première place sans se donner la peine de travailler vraiment, l’esprit grouillant comme un estomac affamé. Par dépit, il avait lu et relu les cours des terminales scientifiques plus d’une fois avant de se résigner à jongler avec les chiffres plutôt qu’avec des formules complexes.

Mais là, les choses allaient changer. C’était une école pour surdoués.

La sacoche en cuir ouverte, abandonnée sur le lit, laissait voir des cahiers, des stylos en masse, un carnet pour ses notes personnelles et le reste de ses affaires, notamment les protections obligatoires pour des expériences chimiques.
Installé non loin, le dos contre le lit, bras et jambes croisés, Noboru attendait que l’heure passe. Dans sa tête se bousculaient des problèmes mathématiques sans suite logique, des questions existentielles qu’il résolvait, une par une, sans vraiment y accorder d’importance. Il était impatient, mais aussi nerveux. Surdoué, certes, mais ici ? Et si tout le monde s’était trompé ? Et si sa passion ne suffisait pas à lui faire gravir les échelons ? Et si le directeur le convoquait pour lui dire qu’ils s’étaient trompés à son sujet ? Adieu l’école, bonjour le lycée, Mareo, le club de couture… C’était tentant, c’était aussi stressant. Il n’avait pas commencé les cours qu’il était déjà attaché à cette école. Il n’avait jamais connu ça.

Il avait envie de connaître ça.

Noboru avait prévu d’arriver 10 minutes en avance, pour prendre le temps de s’installer et ne pas être le premier arrivé. Quelques minutes après avoir quitté sa chambre, il passa devant la porte ouverte de la salle, jeta un rapide coup d’œil au numéro de la salle, la bonne, ainsi qu’à l’intérieur. Il y avait déjà deux élèves, sur dieu sait combien, ainsi que le professeur. Et quel prof… A se demander s’il n’était pas parent avec Aki tiens. Des cousins ? Qui partageaient peut-être le même sens de l’orientation…

Bon. Il n’était pas là pour tracer l’arbre généalogique de ses enseignants.

Se décidant enfin à entrer, il se dirigea vers le bureau de Dichali My… My quelque chose. My truc. Myers ! Peu certain que l‘appel en début de cours soit de rigueur dans une telle école, il décida de se présenter. Après tout, ça ne coûtait rien.

- Bonjour monsieur Myers, je suis Noboru Keito.

Il se détourna presque aussitôt avec un sourire et s’installa au deuxième rang, saluant au passage les deux autres élèves d’un signe de tête poli. Il ouvrit sa sacoche, hésita à sortir ses affaires puis décida d’attendre l’arrivée des derniers élèves. Cette année, les études allaient se montrer beaucoup plus intéressantes.