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Noboru Keito - Elève

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Noboru Keito - Elève Empty Noboru Keito - Elève

Message  Noboru Keito Lun 4 Jan - 23:10

Nom : Keito

Prénom : Noboru

Age : 17 ans

Matières étudiées: Littérature, histoire des civilisations, informatique, mathématiques, physique-chimie, sciences de la Terre, équitation, et natation.

Description Physique :

Les deux coudes posés sur la table, le menton dans les mains et cet éternel sourire aux lèvres qui le caractérise si bien, il me regard. Et je devrais sans doute comprendre quelque chose, car ses yeux ne me quittent pas un seul instant. Il s’y trouve une telle douceur que j’en suis déstabilisé. Je sais qu’il m’aime bien, je ressens après tout la même chose. Mais notre relation ne pourrait se contenter de ces quelques mots et cela, nous ne sommes pas les seuls à le savoir, à mon plus grand regret. Les autres disent que c’est évident, et Honi se chamaille souvent avec moi à ce sujet. Je ne dis pas non, je ne dis pas oui non plus. Je pense juste que ça ne le concerne pas. Que ça n’appartient qu’à nous. Lui, il s’en fiche bien, il préfère me regarder à priori. Je me demande ce qu’il voit.
Pour les autres, je ne suis qu’un garçon discret et j’arrive bien souvent à me perdre parmi la masse compact des lycéens malgré ma grande taille et mes cheveux bruns. Quand je me regarde, je ne vois qu’un garçon au visage impassible, pourtant je ne cherche pas à m’éloigner des autres. On ne me hait pas, ni ne m’adore. Je ne suis l’idole de personne, ni la tête de turc de toute une classe. Je fais même partit d’un club. Mon métissage ne m’a rien apporté d’autres que quelques questions en début d’année sur le pays d’origine de ma mère.
Mon comportement discret ne m’a valu que le respect de mes compagnons de cours. Ils s’efforcent le plus souvent de ne pas me déranger quand je travaille mais n’hésite pas à me faire signe de rejoindre leur table quand vient la pause du déjeuner. Enfin, plus maintenant, grâce à lui. Il préfère ces quelques têtes à têtes car le club est le domaine réservé d’Honi, et cette dernière adore se glisser entre nous. Ce qu’il voit, c’est sans doute un gars banal, pas vraiment attrayant, pas moche non plus. Un gars au regard toujours songeur.

Description Psychologique :

Il dit qu’il me connaît bien, et je n’ai pas l’intention de remettre sa parole en doute. Après tout, je suis un garçon assez simple, si on excepte mes quelques petites manies. Il s’est habitué à cela, il s’est habitué à moi. Il arrive à me faire garder les pieds sur terre pour apprécier ces moments où le plus souvent nous gardons silence. Il me regarde, nous déjeunons, et la vie semble se résumer à cela pendant un quart d’heure. J’en oublie les chiffres, j’en oublie les calculs, qui finissent toujours par revenir. J’en oublie que tout doit être en ordre, que ce que je fais doit être parfait. J’en oublie que je ne devrais pas être ici.
Être surdoué vous attire généralement l’admiration de vos professeurs et la distance prudente des autres élèves mais le fait d’être le « fils de… » a tout changé. Encore heureux. Je ne vais pas mentir, ça n’a pas toujours été le cas. Fut une période où j’aurais aimé qu’on reconnaisse ma valeur mais c’est derrière moi. Je ne vaut pas mieux qu’un autre parce que je sais résoudre une équation alors que la plupart de mes camarades bloquent encore sur les fractions. Recevoir les félicitations des professeurs n’améliorera pas mes résultats, car la facilité n’est pas tout.
Je travaille sans cesse pour mieux réussir et même si certaines mauvaises langues diront que je n’en ai pas besoin, sachez que je ne suis pas surdoué en tout. Les langues étrangères ont d’ailleurs tendance à me poser problème. Alors que lui jongle avec l’anglais, le français et l’italien. Mon truc en vérité c’est pas vraiment les maths, plutôt les sciences, mais on ignore bien souvent ce détail parce que je suis le « fils de… ». Ils doivent s’imaginer que le Q.I est héréditaire.
Je préfère oublier, et me concentrer sur le club, sur mes amis. Sur lui. Sur cette enquête que nous menons depuis déjà un an. Parce qu’il est là, parce qu’il s’acharne à vouloir m’aider, et que chaque jour j’obtiens la démonstration de son affection envers moi, alors je suis heureux d’avoir demandé à être ici et non pas dans une école spéciale. Je préfère rester avec eux et ne pas avoir à me soucier de ce qui se trame dans ma tête. Même si je suis affreusement nul en couture.


Dernière édition par Noboru Keito le Dim 25 Avr - 11:37, édité 1 fois
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Message  Noboru Keito Lun 4 Jan - 23:11

Histoire :

C’est une photo aux bords écornés, longuement triturée, et sur laquelle il « tire une tronche pas possible » comme l’a déclaré une certaine Honi. Juste une photo bien rangée au fond de sa poche. En apparence, tout ce qu’il reste. Et au dos, quelques mots: T'attends quoi ?

Le plus souvent, c’est avant de m’endormir. Je ferme les yeux et ils reviennent, encore une fois. Impossible pourtant de savoir très exactement quand ils vont réapparaître. Je ne dispose d’aucunes données stables. J‘ai tenté de mettre en place des prévisions sur quelques mois, puis sur quelques jours, en vain. Je dois attendre que les nuits passent jusqu’à leur retour. L’angoisse a finit par disparaître au fil des années, remplacée par une curiosité avide qui s’est révélée être une véritable obsession. Je me suis surprit de nombreuses fois entrain de gribouiller ces chiffres dans les marges de mes cahiers. Je me levais certaines nuits, me servant des murs comme d’un tableau et essayant toutes les équations possibles. Sans rien obtenir. Alors j’ai appris à seulement fermer les yeux, pour mieux les regarder.


    1 8 8 0 9 2 7 2 3 6


Du plus loin dont je me souvienne, ils ont toujours été là. Cependant, ce loin se situe à mes 10 ans. Avant cela, rien d’autres que ce que mes parents m’ont raconté. Je me base donc sur des choses que je crois savoir. Quelques fois, cela m’effraie.

Mon père est un mathématicien japonais collaborant avec le gouvernement américain. Lors d’une conférence, il a fait la connaissance de ma mère qui travaillait alors comme assistante pour l’un de ses confrères américains. Ils se sont fréquentés, puis ils se sont mariés près de trois ans plus tard et ma mère a prit la décision de s’installer au Japon. Quand je lui ai demandé pourquoi elle avait choisit de l’attendre au Japon plutôt qu’aux Etats-Unis, elle m’a répondu très simplement que l’océan pacifique était suffisamment grand pour empêcher mes grands parents de débarquer à l’improviste. La jeune américaine qu’elle était alors a du apprendre sur le tas, faisant face tout d’abord à la curiosité des femmes du voisinage, mais étant par nature très sociale, elle a eut tôt fait de les séduire par quelques petits plats et deux ou trois phrases amicales balbutiées en japonais. Elle voulait que ce pays soit son chez soi, et elle y est arrivée.

Mon père revenant plusieurs fois par mois à cette époque, elle s’est retrouvée enceinte jusqu’aux yeux de ma pauvre personne. Quasi certaine que je serais une fille, elle a refusé que le médecin lui précise le sexe de son bébé et s’est chargée de la décoration de ma chambre. Je ne dirais pas que j’ai débarqué comme un cheveux sur la soupe ce mois d’Avril 1992 mais la surprise a été grande. Elle a prit la nouvelle en riant de plaisir, me promettant de re-décorer la chambre le plus tôt possible, sans m’épargner toutefois la présence d’une princesse doudou. Je ne pense pas que cela m’ait traumatisé à ce point. Les années passant, je me suis très vite intéressé aux puzzles et aux formes géométriques de mes jouets. Je passais mon temps à trouver les formes correspondantes et je les alignais devant moi, les observant attentivement. La légende veut que j’ai appris à compter avant de savoir parler. J’ignore si c’est vrai mais ça fait la fierté de ma mère.

Les mathématiques se sont révélés très tôt à moi. J’adorais les chiffres et mes instituteurs semblaient particulièrement enthousiastes à m’en encontre. Ils n’arrêtais pas de vanter mes résultats, et faisait aussitôt le lien avec les capacités intellectuelles de mes parents, notamment mon père. Et puis, ça a finit par s’atténuer. Les années aidant, et mes capacités reconnues de tous, ils ont trouvé cela normal que je sache faire des choses plus vite que les autres enfants. Sur l’écriture, j’étais à leur niveau et les mathématiques appartenaient déjà à mon père. On a hoché la tête l’air de dire que c’était décidé d’avance, et j’ai finis par comprendre que je passais au second plan par rapport à lui, cet homme que je voyais si peu mais qu’on portait aux nues. La fierté d’un pays. Alors j’ai réagis comme l’enfant que j’étais: en devenant odieux.

Ma mère n’a pas baissé les bras. Elle ne m’a pas non plus envoyé chez un psychologue comme certaines le lui conseillaient. Elle s’est contentée d’être là pour moi et d’essayer de me faire comprendre certaines choses. Me rendre intéressant par de mauvaises actions n’était pas intelligent, voilà ce qu’elle me répétait. Et c’était la simple vérité. J’ai arrêté de faire mon crâneur, j’ai arrêté les blagues, j’ai arrêté de faire des bêtises pour qu’on puisse me regarder. J’ai continué de faire des mathématiques et je m’en fichais qu’on me félicite ou pas. Je préférais encore qu’on m’apprécie pour qui j’étais plutôt que pour mes équations. J’ai commencé à avoir des copains, à être invité à des goûters puis à dormir. J’ai grandis sans être particulièrement solitaire ni trop proche des gens. Les mamans me trouvaient adorable.

A 10 ans, le sujet de mon quotient intellectuel est revenu sur le tapis par le biais du directeur d’un collège spécialisé. J’ai supplié ma mère de ne pas m’y envoyer et elle m’a écouté. Je n’ai jamais su si mon père avait approuvé cette décision, supposant que ses absences répétées ne lui donnait aucun droit sur mon parcours scolaire. C’était une idée idiote car même à l’étranger, il demeurait mon père et ce n’était certainement pas le genre de ma mère d’ignorer son avis. Je suis entré au collège en compagnie des enfants que je côtoyais depuis la maternelle. J’étais de nouveau le plus petit, mais j’étais entouré et j’ai continué d’avoir d’excellentes notes en maths en bataillant avec la littérature.

A 14 ans, je suis sortit avec une fille sans que ça ne soit particulièrement brillant. Les autres garçons avaient l’air fasciné par la féminité mais je demeurais prudemment à l’écart, circonspect à l’égard de ces filles qui chuchotaient entre elles, traînant en bande de 4 ou 5. On se savait jugés par leur regard et on essayait de faire les fiers. Ca n’a pas duré longtemps pour moi, préférant m’en remettre à des équations. Les mathématiques sont parfois si apaisantes. Je ne me suis jamais interrogé sur ma sexualité, avant lui je veux dire. Tout faisait partit d’un même mouvement et en tant que garçon, cela me semblait normal de prendre une fille pour partenaire de danse. Puis j’ai eu 15 ans, et j’ai du entrer au lycée.

Beaucoup de choses ont alors changé.

Je ne connaissais personne au sein de ma nouvelle classe et mes anciens copains ont finit par prendre leur distance tout doucement. De plus en plus seul, un peu paumé, je suis resté dans mon coin sans chercher à créer de nouveaux lieux. Je n’avais plus que mes études en tête, et chaque jour je supportais le regard désolé de ma mère qui ne comprenait pas. Ne me comprenait pas. Quand je tentais de lui expliquer que je n’avais pas les mêmes centres d’intérêts que mes camarades de classe, elle m’arrachait des promesses d’effort que je ne tenais jamais. Je n’intéressais personne et je me suis noyé dans la masse des mois durant. Rien ne me convenait.

Vous allez sans doute penser qu’il suffit de faire un pas vers l’autre pour retrouver un semblant de sociabilité mais les autres ne me regardaient que lorsque nous devions monter des groupes d’étude. Ils connaissaient mon potentiel, et je n’étais qu’une source de bons résultats. Pas un ami, juste une connaissance utile. Je les ai laissé me bousculer dans ces couloirs trop étroit sans me plaindre. Cela faisait partit de cette nouvelle vie étudiante que je commençais doucement à haïr. La bibliothèque ne m’était d’aucun secours alors j’ai cherché des classes désertes pour travailler en paix. Un beau mois de décembre, je les ai croisé.

Ils étaient 4, installés à des tables, des tissus autour d’eux. Ce n’était pas l’une des classes que je fréquentais habituellement mais la pluie avait surprit la plupart des élèves pendant la pause, les forçant à se réfugier dans mes salles. J‘ai ouvert la porte, pensant n‘y trouver personne et le silence, ce drôle de silence appliqué, a duré un moment avant qu’ils ne remarquent mon arrivée. 3 filles, 1 seul garçon et je m’apprêtais à sortir quand l’une d’entre elles a poussé un cri, me faisant sursauter. Oui, ça c’était du Honi tout craché. Lorsqu’elle hurlait, on avait toujours tendance à se protéger les côtes ou le visage.

Elle a lancé quelque chose comme « Un nouveau enfin ! » et s’est jetée sur moi, envoyant paître mon sac tout en m’entraînant à l’intérieur. J’ai tout de suite remarqué les patrons, les mètres de couturière gisant au sol et surtout les 4 machines. L’une des filles ne portait pas l’uniforme mais un costume de maid. J’ai bêtement pensé qu’ils s’occupaient de l’une des activités du festival d’hiver que l’école organisait mais la fille surexcitée m’apprit bien vite que j’avais mis les pieds dans l’unique et fantastique club de couture du lycée Hawaki. Merveilleuse nouvelle dont je me fichais éperdument mais elle ne semblait pas consciente de mon désintérêt. Pour elle, j’étais venu participer.

Quelques phrases rapidement échangées, enfin, quand elle se décida à m’écouter, et je pu lui faire comprendre sa méprise. Je n’étais là que pour travailler, pas pour créer des costumes, merci bien, bonne journée à vous et désolé pour le dérangement. Mauvaise idée. Je crois que Honi n’était pas en colère, plutôt vexée mais c’était sans doute pire que tout. Elle a commencé à m’invectiver et j’ai finis par répliquer, agacé par cette fille qui se croyait tout permit. Les 3 autres demeuraient muets, comme habitués à ce spectacle. Les obliger à prendre partit ne m’aurait amené à rien, ils allaient sans doute défendre leur copine.

- On te prend pour modèle, c’est bon, arrête de couiner.

Voilà. Ca, ça a tout déclenché. Une stupide petite phrase qui est passée loin au dessus de ma tête, vous pensez. J’ai fais demi tour, j’ai ramassé mon sac et je suis partis sans savoir que j’avais mis le pied dans un engrenage qui allait finir tôt ou tard par me broyer la jambe. Ce club, je n’y suis jamais retourné volontairement mais cette fille, Honi, m’a poursuivit dans les couloirs pendant des semaines jusqu’à ce que je finisse par céder. Elle avait menacé mes camarades pour connaître mon nom, et obtenir mon emploi du temps. Elle avait modifié quelques heures du club pour que je puisse les rejoindre. Et bien évidemment, elle avait obligé les autres à se montrer tout aussi enthousiastes qu’elle.

Après Honi, c’est Myu et Kazu qui sont venu me parler. Myu était une adepte des cosplays, ce qui la rendait assez antipathique aux yeux des autres filles. Au lycée, il courrait une rumeur comme quoi elle se prostituait pour acheter des tissus et vivait comme une otaku, dans une chambre étudiante de 8 mètres². Tout ceci était faux, et elle était avant tout une passionnée de couture. Elle ne tarissait pas d’éloges à l’égard de Honi qu’elle semblait vénérer. Ca, je n’ai toujours pas comprit pourquoi. Kazu était déléguée de classe et trésorière. De nature assez discrète, elle restait dans l'ombre d'une Myu plutôt timide, se fichant des ragots.

Sans que je n’y prenne garde, c’est le lycée tout entier qui m’a poussé à entrer dans ce club. Mes camarades pensaient que j’y étais membre alors que j’essayais surtout d’éviter Honi dans les couloirs. On me trouvait bizarre, pensait que je me travestissais en douce. Quand mes professeurs me félicitèrent d’avoir intégré un club, même celui de couture (on aurait pensé à les entendre que des élèves avaient monté un sex shop au sein du lycée), j’ai su que j’étais définitivement foutu alors j’y suis allé, en profitant tout d’abord pour y travailler, puis en participant. Je les aidais à couper les tissus, à mesurer, à ranger la salle. Et petit à petit j’ai fais sa connaissance.

Il n’avait pas cherché à me parler comme l’avaient fait Myu et Kazu. Il s’était contenté de me saluer d’un sourire, le regard brillant. Il était aussi discret que moi à sa manière, demeurant à l’écart des autres. Il était presque comme moi. Son point fort n’était pas les mathématiques mais tout ce qui concernait les langues, et son père avait quitté le domicile quand il était encore enfant. Tout cela, je ne l’ai pas appris de sa bouche mais de Myu qui servait d’entremetteuse. J’appréciais ce garçon sans réellement le connaître. Sans réellement en avoir envie. Mais au fil du temps nous avons commencé à échanger plus de deux mots. Nous nous sommes tout de suite très bien entendu.

A la rentrée suivante, nous cherchions à nous retrouver entre les cours. Le club nous servait d’excuse mais nous avons commencé à déjeuner seuls, juste lui et moi, sans qu’Honi ne soit là pour pester contre le retard que l’on prenait sur un costume. Il a tenté de m’apprendre à me servir d’une machine mais je jouais surtout les modèles, au plus grand plaisir de Myu qui adorait me déguiser. Mes notes sont restées stables, je possédais désormais un endroit à moi dans ce lycée, et plus que tout, je pouvais parler de quelqu’un à ma mère. Ce n’était pas une fille, c’était un copain comme elle en avait croisé auparavant, mais je n’arrêtais pas de babiller à son sujet, sans vraiment m’en rendre compte.

Il n’a fallu qu’un mois pour le décider à m’inviter en dehors des cours. Nous nous retrouvions souvent le week-end pour aller au cinéma ou déjeuner sur les berges de la rivière qui traversait notre ville. Notre relation ne portait pas un nom particulier, et ce n’était certainement pas mon meilleur ami, même s’il s’en rapprochait. C’était Mareo et je pouvais lui faire confiance. C’est sur l’une de ces berges que je lui ai parlé des chiffres. Je me rappelle de son regard attentif, de ses sourcils légèrement froncés. Il a cherché à comprendre, et m’a donné envie de chercher de nouveau la solution de ce mystère. Alors je lui ai tout raconté, même si ce n’était pas grand-chose, et son visage s’est illuminé.

- On va découvrir ce qui se cache derrière tout ça ! T’es partant ?

J’étais partant depuis que les chiffres étaient apparu, mais avec lui, j’aurais pu entreprendre le tour du monde sans trop me poser de questions. Je ne lui étais pas dévoué au point d’en devenir aveugle mais je me disais qu’à ses côtés, beaucoup de choses valaient le coup. La vie est devenue dès lors beaucoup plus intéressante. Parce que nous partagions ce secret, nous sommes vite devenus très complices. Chose qui exaspérait Honi au plus haut point. Je n’ai jamais vraiment comprit quels étaient ses sentiments envers le club, envers nous, mais je pense qu’elle nous adorait, et veillait sur nous à sa manière. Je m’en serais bien passé la plupart du temps.

Néanmoins, notre complicité ne suffisait pas pour comprendre les chiffres et nous nous sommes prit des murs de nombreuses fois. Nous n’avions aucune piste. J’avais étudié l’ensemble des équations mathématiques sans que les résultats n’apportent quelque chose de concret. Mareo s’est contenté de me poser des questions sur ma vie, sur la première fois où les chiffres étaient apparu. Il voulait tout connaître en détail et je ne lui ai rien caché. Pourtant, rien ne le satisfaisait.

- Je crois qu’il faut que tu en parles à tes parents.

C’était ce que je redoutais et Mareo avait mit le doigt dessus sans faire de manières. Il attendait une réponse de ma part, mais je demeurais figé, mort de trouille qu’ils ne comprennent pas et me prennent pour un fou. L’idée en elle-même était stupide, car bon sang ce n’était pas le genre de ma mère de réagir ainsi face à un problème, surtout me concernant. Mais parler des chiffres signifiait qu’il y avait un problème, que j’avais un problème et cela les rendait dangereux. Je n’avais pas envie d’affronter un thérapeute borné.

- C’est toi qui décide.

Si Honi était brutale, Mareo possédait une attaque plus doucereuse. Je venais de me prendre la réalité en face: cette situation là ne pouvait pas durer.

Fuir le problème m’aurait attiré des ennuis (après tout, j’avais donné mon accord pour l’enquête et on ne pouvait pas effacer une parole faite à Mareo sans risquer une engueulade), alors je me suis contenté du club, de la couture qui le passionnait tant. Les chiffres ont continué d’apparaître, à ces moments entre l’éveil et le sommeil, et j’ai arrêté ma main de nombreuses fois avant qu’elle ne forme le 1 sur mes cahiers. Ils étaient là, en retrait, attendant que je les affronte mais je manquais cruellement de courage.

Mareo était patient.

- Je pense que tu sais ce que c’est, m’a-t-il murmuré tandis que nous quittions le club.

Nous avions arrêté de nous concentrer sur les chiffres pour nous interroger sur un potentiel désordre mental.

- Et ça signifie pas forcément que tu es dingue. Arrête d’avoir la trouille.

Il avait raison. En ayant peur, je donnais seulement plus de pouvoir à ce problème.

- Y’a quoi… de grandes chances ? Pour ne pas dire que c’est forcément ça… ça peut être autre chose.

Mais c’était déjà moins grave que ce que j’avais envisagé. Le trouble obsessionnel compulsif. Voilà le résultat, 6 mois après ce rendez vous sur la berge. Cela n’expliquait pas tout, mais cela nous guidait sur la piste de l’inconscient plutôt que sur les mathématiques à proprement parler. Je sentais confusément que Freud sur son nuage devait se régaler.

- Ca signifie pas non plus que c’est lié à ton père. Ca peut… mais c’est pas obligé, tu vois ?

Bien sur que je voyais. Avec lui je pouvais tout voir.

Mais il n’y avait pas que l’enquête et dans les classes les professeurs ont commencé à parler d’un projet du ministère de l’enseignement. Un gigantesque test de Q.I, quelques lycées sélectionnés, une grande chance… le blabla habituel et je n’étais pas particulièrement intéressé. J’aurais du. En passant ma vie au club, et en compagnie de Mareo, j’en avais oublié le reste du lycée et lorsque le test fut devant moi, des mathématiques, je n’ai pas réfléchis aux conséquences. J’ai répondu.

Les résultats ont mit deux mois à nous parvenir. Deux mois que je mis à profit pour approfondir la piste du trouble obsessionnel. Deux mois pour approfondir ma relation avec Mareo. D’inséparables, nous sommes devenus indissociables. Lorsque la déléguée le cherchait, c’est à moi qu’elle posait la question et il n’était jamais très loin. Des rumeurs ont couru, et on nous a longtemps épié pour comprendre très exactement de quoi il en retournait. Ce n’était pas ce qu’ils pensaient, bien évidemment, car je n’avais pas de sentiments de ce genre à son égard, et lui ne voyait en moins que le fidèle Nobu, son ami, un gars « plutôt chouette dans son genre ».

Et tant pis si parfois pour rire il me prenait la main, dans les couloirs ou en pleine rue. Qu’on allait souvent au cinéma ensemble ou déjeuner sur la berge. Qu’on agissait d’une telle manière qu’on aurait pu croire que…

Mareo aimait « faire croire que ».

Deux mois, avant que les professeurs ne commencent à s’interroger sur mon cas. Mon nom revint sur toutes les bouches, et je repris mon rôle de « fils de… ». Sauf que le fils de avait bientôt 17 ans, et ses capacités étaient tout bonnement exceptionnelles. On a avertit ma mère, qui à son tour a prévenu mon père, innocente dans sa fierté. Elle aimait qu’on reconnaisse son fils, mais mon père prit surtout conscience qu’il avait à portée de main un potentiel héritier qu’il avait trop longtemps ignoré, chose que ses collègues admiratifs ne cessaient de lui rappeler. Il cru tenir la solution, et ma mère ne sembla pas s’y opposer particulièrement. J’allais quitter ce lycée pour une académie spécialisée. Point.

Quand j’ai avertis Mareo, je n’ai reçu en réponse qu’un long silence troublé au bout du téléphone. Puis il m’a murmuré de venir sur la berge, pour un dîner à deux.

- Et excuse moi auprès de ta mère si ça pose problème.

Nous avions passé nos examens quelques jours auparavant, et elle était désespérée de ne savoir comment agir, alors non, ça n’a pas posé de problème. Je l’ai rejoins, en me pressant juste un peu. Il attendait à l’endroit habituel et je me suis assis à ses côtés. Sans vraiment quoi lui dire, ni par où commencer.

~***~

Et il se contente de regarder la rivière qui semble tout comprendre. Il aimerait pouvoir calculer les réponses pour pouvoir les lui donner, à cet ami là qui est plus qu’un ami, mais moins qu’un frère. Qui sera toujours à ses côtés, car il n’y aucune raison pour que ce départ efface un an d’amitié. Il aimerait sans doute que ça soit si simple mais Nobu a 17 ans, et il est assez intelligent pour savoir que ça ne le sera jamais. Alors il attend que Mareo parle. C’est lui qui a l’habitude de commencer les conversations.

- Tu dois demander à ta mère. Pour les chiffres.

La gorge de Nobu se serre douloureusement.

- Parce que sinon… ça n’aura servit à rien. Tout ce qu’on a fait…

Il hoche la tête en réponse, et Mareo se détourne de la rivière pour contempler son profil, très sérieux. Trop sérieux. Et c’est différent du jour où il a parlé des chiffres pour la première fois, parce qu’ils avaient encore la vie devant eux, au moins deux ans d’études ensemble. A cette époque, la vie n’était qu’un drôle de jeu.

- On a déjà la moitié de la solution, et je te connais, tu peux pas t’arrêter là. Alors il faut que tu fonces même si pour l’instant on sait pas où on fout les pieds.

On. Ca le fait sourire doucement.

- C’est pas parce que tu te tires que tu dois faire une croix sur tout ça. C’est important que tu saches Nobu. Très important, parce que sinon tu pourras jamais vraiment vivre. Tu vois ?

Non, il ne voyait pas vraiment mais ça irait mieux quand il aurait cligné des yeux deux ou trois fois de suite.

- Hey, j’aime pas te voir dans cet état là… Attends !

Il fouille dans un sac posé à côté de lui, que Nobu n’a même pas remarqué, et en sort deux canettes de limonade.

- Pour fêter cette année ! Et aussi…

Il réfléchit un instant.

- … Pour le concours que Myu a gagné à sa convention de je ne sais où.
- Tokyo.

Ce sont ces premiers mots mais Mareo a l’air de s’en contenter. Il sourit, satisfait.

- Ouais ! Tokyo. A la santé du club ! Et à nous.

Il trinque, et rien dans sa joie de vivre n’est artificiel. Nobu se surprend à l’envier, le regard songeur.

- Ca y est, t’es de nouveau avec moi.

Il avale une gorgée de la limonade, s’étranglant à moitié. Dans le soir qui tombe, les crickets chantent.

- Je continuerais de mon côté et on s’organisera pour se voir au moins une fois par mois…

C’est tellement peu.

- … histoire qu’on puisse confronter nos idées. Je trouverais un petit boulot - de toute façon je suis obligé, ma mère me harcèle à ce sujet.

Nobu a l’impression que le sol vacille mais ce n’est que le bras de Mareo sur ses épaules. Lui, il est confiant.

- Et puis les téléphones c’est pas pour les chiens alors tu as intérêt à décrocher le tiens plus souvent.

C’est repartir de zéro, et il n’a pas envie de foutre les pieds dans cette académie. Il veut rester ici, avec son club et sa vie. Là bas, il sera interne. Il sera tout seul, en compagnie des chiffres.

- Qu’as-tu à répondre à ça mon cher Nobu ?
- … 1, souffle-t-il, 8 8... 0 9 2 7 2 3 6.

Et son rire surpasse tout, le chant des crickets, la brise qui effleure la surface glacée de la rivière. Surpasse la vie.

- C’est une bonne réponse.

Mareo devra partir à l’étranger cet été, en France, pour voir sa famille alors il est désolé mais promis, il lui enverra une lettre, une jolie carte postale, et tout ses bons baisers de Paris. C’est sa manière de fuir l’au revoir. Mais, pour l’instant, ils regardent le monde disparaître dans le crépuscule. Il n’y a aucun passant pour les juger, pour mettre un nom sur ce truc pas vraiment déterminé qu’ils partagent avec passion, sans geste inutile. Seuls leurs cheveux s’entremêlent dans la brise. Son bras suffit à le réchauffer.

Et quand il partira, Nobu le suivra du regard, sans chercher à dissimuler le sourire fier qui ourlera ses lèvres. Parce que ce gars au pas dansant c’est quand même pas n’importe qui, et lui, lui il le connaît sans doute mieux que quiconque. Comme Mareo le connaît, en riant du bout des yeux, cherchant à le taquiner mine de rien.

- Je reste là !

Il en oublie de bredouiller les chiffres pour calmer son angoisse, les jambes chancelantes. Il n’a pas besoin de le rattraper.


Le sort fait les parents. Le choix fait les amis. Jacques Dellile

Nationalité : Japonaise.

Autre : Souffre d’un Trouble Obsessionnel Compulsif (avec compulsion cachée ayant trait aux mathématiques, aux calculs)


Dernière édition par Noboru Keito le Dim 25 Avr - 11:54, édité 6 fois
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Message  Lawrence MacKlarin Mar 5 Jan - 10:55

Bienvenu !

Tu es dès à présent inscrit à l'école de Sounan'ha. Tu peux donc dès à présent arrivé à l'école, en commençant par le hall puis par le secrétariat afin d'obtenir le numéro et les clés de ta chambre. Bon jeu !
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