Chambre 24 (Noboru Keito)

Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au sommet d'une montagne. Et quand il était près d'en atteindre le faîte, alors la masse l'entraînait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête.

P*tain, Sisyphe, je te comprends.

C'est pas comme si il avait une montagne à gravir, ni qu'il allait laisser ces sal****ies de valises cavaler en bas des marches, mais la sueur dégoulinait effectivement le long de son dos, rendant cette chemise blanche de plus en plus collante et inconfortable. Ah le fantasme de la chemise mouillée sur le torse viril, fallait revoir ça avec l'odorat en plus. Nobu cracherait pas sur une bonne douche.

Alors quoi, solo avec son supplice grecque ? Que nenni, Aki avait gentiment accepté de l'aider.

Oui oui, le pigeon tout ça. Frais, les joues roses, monsieur gothique "je te lorgne dessus parce que la vision a juste pas l'air de me lasser le moins du monde" avait daigné se saisir d'une valisette remplit de "produits de beauté". A cette Apocalyspe avancée ne manquait plus que l'épisode du "Oh tu utilises encore du gel contre l'acné ?".

Avisant le palier du premier étage, de plus en plus proche, Nobu accéléra comme il pu et manqua de se rétamer, écrasé par le poids de ses bagages (Il n'y avait vraiment qu'une mère pour penser à tout), mais se rétablit de justesse et déposa son barda avec un râle de soulagement. Il lui fallu un instant pour retrouver son souffle, les mains appuyées sur ses genoux, hésitant encore à se redresser. Trois vertèbres claquées plus tard, il fouilla le fond de sa poche pour en extirper la clé et chercher sa porte de chambre.

- Numéro 24... ça doit être dans le fond, murmura-t-il, se parlant surtout à lui-même.

Il attrapa deux valises à roulette et s'y dirigea presque aussitôt, s'assurant d'un simple coup d'oeil que son nouvel... que Aki le suivait bien.

10 minutes plus tard, Nobu posait sa sacoche sur le sol de sa nouvelle chambre. Impersonnelle, cette dernière n'attendait que sa marque et il s'empressa d'aller ouvrir la fenêtre pour aérer la pièce avant d'offrir un sourire heureux au chanteur.

- Merci pour le coup de main.

Les mains sur les hanches, inspirant longuement il demanda après un temps de réflexion.

- Ta chambre ressemble à ça aussi ?

Avant d'ajouter, répondant à sa place.

- Oui enfin, c'est logique en même temps. Ils vont pas faire une chambre personnalisée pour chaque étudiant... ... Je m'attendais pas à ça en tout cas. C'est vraiment bien.

Mais bon, l'autre avait certainement autant envie d'écouter ses banalités que de discourir sur la pluie et le beau temps.

- J'ai sans doute une bouteille de limonade dans l'une des valises, si ça te dit. Désolé, tu es un peu l'unique invité à... la crémaillère.

Plus détendu, Nobu retroussa ses manches, ébouriffa ses cheveux bruns avant de claquer dans ses mains, se donnant du courage pour l'emménagement. Aki n'y participerait sans doute pas mais cela n'assombrit pas son humeur. Le garçon aux cheveux teint en avait déjà bien assez fait.