Beethoven, Mozart, Lizst...Mais pas de PLAN ! [Libre]

A travers la vitre teintée de sa berline le jeune homme regardait la vie défilée, arbre après arbre une nouvelle page s'ouvrait pour lui, tandis que le chapitre « concertiste » se fermait lourdement. Le soleils tombé sur l'horizon, tendrement. Cela faisait maintenant sept heurs qu'il était enfermé dans cet habitacle, coupé du monde comme prisonnier. Enfin la voiture s'arrêta et une brise remplit d'odeur printanière vint caressée son visage. Il était arrivé.

Devant lui se dressait le bâtiment principale de l'académie, son nouveau lieu de vie. Un sourire de soulagement et de contentement se glissa sur son visage. Au fond de lui il savait, il savait qu'ici sa vie prendrait une toute autre allure ! Fort de cette pensée il avança, de la manière la plus fier possible. La manière avec laquelle on avance vers le piano durant un concours, le regard brillant de la flamme de la certitude. Pourtant sa main droite se crispa sur la poignée de sa valise, se n'était pas vraiment l'assurance du génie que l'on pouvait lire à présent dans ses yeux saphirs mais bien l'appréhension... Après tout, quoi de plus humain que d'appréhender une nouveauté ? En quelques pas il se trouva dans le grand hall.

De part son talent et sa naissance Dorian avait été habitué au lux et à la beauté. Il n'était pas déçu ! Le hall était vaste, décoré avec raffinement. Il ne bougea pas. Il resta là, dans l'entrée, contemplant le lieu, s'imprégnant des moindres détails. Tout était silencieux, ou presque. De nouveau un sourire s'imprima sur son visage un court instant. Après quelques secondes de méditation il se décida à avancé, son pas lourd et assuré, du moins qui le paraissait, résonnait dans le grand bâtiment. Une image fulgurante lui brula alors l'esprit ; le hall du conservatoire Tchaikovsky, hall qu'il avait tant de fois parcourrus de la même manière ! Le lieu qu'il avait véritablement habité durant tant d'année, et qui aujourd'hui faisait partit du passé. Une larme cristalline apparut sous son œil droit... Elle repartit aussi tôt. Trop d'émotion, tue l'émotion !

A présent il lui fallait trouvé le secrétariat... Une question résonna dans sa tête... Sept heurs de routes ! Sept heures ! Il avait lu Beethoven, Mozart, Lizst et les autres... Et il n'avait pas pensée une seul seconde à regardé le plan ! Il parcouru des yeux ( légèrement affolés) l'immense pièce... Rien, il ne voyait rien ! Heureusement pour le jeune professeur, une voix vint à sa rescousse...

"I hear the mountain birds
The sound of rivers singing"

Une voix claire, pure. Même quand il ne faisait que chantonner, il ne pouvait s'empêcher de le faire de son mieux. Il ne s'entendait pas, pourtant; le baladeur dans ses oreilles l'empêchant d'entendre sa propre voix. Mais c'était un réflexe, une seconde nature. Sa voix s'élevait dans l'air sans qu'il n'y prenne vraiment garde, modulant comme par elle-même le niveau de son chant. Il ne voulait pas non plus déranger les autres résidents de l'école par un chant qui aurait pu ne pas être agréable à leurs oreilles, même si pour le moment tout paraissait bien vide autour de lui.

Si vide... Un instant la chanson se brisa entre ses lèvres. Juste une fraction de seconde, alors que l'image de Carlsen s'impose à son esprit. Carlsen, penchait sur des plans, des liasses de feuilles, et qui ne pense plus qu'à ça, qui ne vit plus que pour ça. Lancaster a eu besoin de prendre l'air, prétextant il ne savait même plus vraiment quoi pour pouvoir sortir. Un rendez-vous avec l'administration, quelque chose de peu important, que Carlsen surtout ne se dérange pas, il avait mieux à faire. Et Lancaster s'était presque enfuit de la chambre, son lecteur au fond de la poche. Se noyer dans la musique... L'hymne des fraternisés. Magnifique musique, qui lui rappelait ce magnifique film français que ses parents lui avaient envoyés lors de leur dernier courrier. Une histoire de guerre, une histoire belle à en pleurer, si bien que Lancaster s'était senti particulièrement ému devant son écran. Et c'était cette émotion qu'il retrouvait, sans doute décuplé encore par sa propre tristesse, alors qu'il errait sans but dans sa si chère école. Il en aurait presque eu les larmes aux yeux tandis que sa voix, si pure, continuait à s'élever doucement, mût d'une volonté propre.

Elle vint cependant mourir sur ses lèvres à la fin de la musique s'écoulant de ses écouteurs directement jusqu'à son cœur. Il avait rouvert les yeux, réintégré la réalité, si dure et froide qu'elle puisse être comparé à cette mélodie. Pour se retrouver non loin d'un homme, un adulte, peut être même un professeur. Il était armé de bagages et semblaient ne pas très bien savoir où se diriger. Sans doute n'avait-il pas vu le plan qui se trouvait non loin, Lancaster n'aurait plus su dire où exactement tant il était rare qu'il s'en serve. En tout cas, l'homme semblait perdu. Le jeune Canadien hésita quelques secondes. Après tout, l'homme ne l'avait pas vu, et il pouvait tout aussi bien s'éclipser sans qu'il ne s'en rende compte. Mais même si pour le moment il n'était pas tourné vers lui, Lancaster ne pouvait pas être persuadé qu'il ne l'ai pas entendu chanter. Cela aurait même été peu probable qu'il n'ai rien entendu.

Lancaster prit alors son courage à demain, mettant de côté son hésitation, et s'approcha, l'expression totalement neutre, pour interpeller l'homme dans un japonais sans aucun accent :

_Excusez moi ?