Chambre n° 3 : Yamagata Aki

**Yamagata Aki** Jeu 13 Mai - 10:04

[suite chambre n° 4]

Trois notes. Mais qui sonnent déjà tellement faux à ses oreilles qu'il sait très bien qu'il n'arrivera à rien ce soir. Ses mains tremblent tellement de rage qu'il est bien incapable de jouer. Et surtout de jouer correctement. Pour un peu il en jetterai bien sa guitare de rage. Et hurlerait bien un bon coup, tant qu'à faire. Mais il se retient, bien qu'à grand peine. Le précieux instrument n'apprécierai sans doute pas ce genre de traitement, et bien qu'il ai largement les moyens de s'en financer un autre, le peu de raison qui arrive à percer dans le brouillard rouge de colère qui obscurcit ses pensées lui montre à quel point il pourrait regretter un tel geste. Pourtant la tentation est extrêmement forte en cet instant. Bon. Il arrive à se contenir. Il faut dire qu'il n'est pas seul dans la chambre, et que ce n'est pas vraiment ce dont a actuellement besoin l'autre.

Une inspiration. Il doit se calmer. Son regard rouge porté sur le petit lit l'y aide un peu. Même si ça le rend un peu vide, même si ça découvre ce qu'il ne veut pas voir. Il doit quand même se calmer. Là bas, ça commence à s'agiter, alors... Faire attention, surtout. Ne pas provoquer de catastrophe... Surtout pas maintenant. Il n'a ABSOLUMENT aucune envie de devoir s'occuper de cela maintenant. Non, il a juste envie de voir Brandon se tordre dans d'atroces souffrances. Na.

Et voilà que le téléphone sonne maintenant. Pas besoin d'être devin pour savoir de qui il s'agit, hein. Par acquis du peu de conscience qui lui reste après un tel éclat de rage, cependant, Aki prend soin de vérifier. Oui, ben il aurait pu s'en douter, et même mettre sa main à couper. Car le grand gagnant eeeeeeest... Et oui, ce foutu blond décoloré pseudo américanisé G.I. et dont il n'a aucune envie d'entendre parler à cet instant. Et en plus, avec cette sonnerie, ça commence à s'agiter dans sa chambre. Manquerait plus que ça tiens ! D'un geste rageur, Aki enfouit le téléphone sous l'oreiller en attendant qu'il cesse de sonner. Au moins cela a-t-il l'avantage d'étouffer un temps les sons. Le balancer contre un mur aussi aurait très bien pu faire l'affaire... Mais vu sa situation actuelle, ça, Aki ne pouvait pas se le permettre. On lui a dit, redit et reredit : il doit être joignable n'importe quand, quelle que soit la situation. Et lui doit pouvoir joindre quelqu'un à n'importe quelle heure également, en cas de problème. Il a trop de responsabilités pour pouvoir se le permettre.

Responsabilités. Il déteste ce mot. Il ne peut être un ado normal, qui se paye une bonne crise de rage sur son boy friend, ou sex friend plutôt ? Non, bien sûr ! Et tout ça à cause de... Un regard noir vers le coin le plus sombre de la pièce. Un regard plein de colère, de haine. Et tout ces sentiments qui disparaissent petit à petit. Pour qu'il ne reste que la peine.

**Brandon Jr. Brandon** Jeu 13 Mai - 21:40

''Allez salut !''
''Ouais, c'est ça.''
''Bon ben... j'y vais !''
''Okay, à une prochaine fois.''
''On se revoit en cours ?''
''Oui, sans doute.''
''Bonne nuit !''
''Pareil, allez, salut.''
''Et tu hésites pas à m'appeler, t'as mon numéro !''
''J'hésite pas en général.''
''He he, t'es un mec marrant, c'est ça qui me plaît chez toi.''

Brandon dut refermer la porte aux risques et périls des pieds du mec. Ensuite, il attendit qu'il se soit éloigné avant de sortir à son tour. Il l'aimait vraiment bien, hein ? Le plus bête c'est que Brandon aussi l'aimait bien. Mais, comment dire... une autre fois, peut être. Certes, l'idée de passer seul la première nuit dans cet endroit qui... non, ça ne ressemblait pas à l'ancienne académie, mais c'était quand même le même principe, et ils s'étaient quittés une nuit, dans des circonstances peu engageantes. Il dormait, quand soudain l'académie avait décidé de le manger et de le cuire avant. Bon, certes, il était en principe dans cette chambre pour y dormir seul, et puis il y avait la boule de poils, mais ça gardait un côté stressant. Il paraît que les tigres ne refichent jamais les pieds dans une zone qui leur rappelle une brûlure reçue. Eh ben ils ont bien raison. Donc, bref, il aurait apprécié un peu de compagnie. Cela dit, Aki ferait tout à fait l'affaire.

''T'as l'air d'un ours blanc, peluche. Bon, un mini ours blanc. Nanook, ça te plaît ? T'as déjà vu Lost Boys ? ...et merde. J'ai la chanson dans la tête.''

Oui, il avait embarqué la boule de poil. Il fallait qu'il le garde pour l'imprégner, paraît-il. Chien de berger, instinct de protection, habituer dès le plus jeune âge, tout ça. Sinon il se prendrait pour le chien de garde de sa play station, et il gronderait après lui quand il s'en approcherait. D'ailleurs, fallait aussi qu'il l'habitue à Aki, histoire qu'il le comprenne dans le lot. Et qu'il voie si le loup domestique chercherait à l'attaquer ou pas. Tiens, ça leur ferait un sujet de conversation, vu que monsieur n'avait pas l'air disposé à la chose. ( Ou il avait un problème. Là dans ce cas, boule de poils attendrait son tour. Mais y avait pas de souci, il était prévenu. )

''Aki ? T'es là ? Devine qui c'est...''

**Yamagata Aki** Dim 16 Mai - 13:26

Il se calmait. Un peu. Et très lentement. Mais maintenant que la colère ne faisait plus si profondément parti de lui, il se sentait totalement vidé. Si mal au fond. Et les yeux qui brûlent. Et la gorge sèche. Nouée. Et les pensées qui vont, qui viennent. Sa tête est un hall de gare. Il les laisse filer, il ne se raccroche à aucune d'entre elle. Comme des inconnus dans un hall de gare. Il ne les connaît pas celles là, n'en a pas envie. Il ne faut surtout pas qu'il les reconnaisse, ou alors... Ou alors quoi ? Il n'en sait rien. Mais il est sûr que ce sera un vrai désastre. Alors il vaut mieux qu'elles restent loin. Inconnus. Qu'il ne sache pas...

Un voix derrière la porte, qui l'appelle. Qui lui parle. Pas besoin d'être devin pour savoir de qui il s'agit, hein. Il n'a certainement pas besoin de voir cette personne pour connaître son identité. Et la colère qui s'était endormie se réveille brusquement. Un fauve endormi au fond de sa tanière qui sent soudain l'odeur de son pire ennemi. Du chasseur qui l'a blessé. Et rien ne peut l'arrêter, alors, il bondit avec une violence telle qu'on pourrait croire à la fin du monde. Et dans la petite chambre, cela se traduit par un bruit de fracas. Le pauvre portable n'aura pas fait long feu contre la porte blindée. Mais Aki ne l'entend même pas, alors qu'un cri étranglé passe ses lèvres. Même pas un cri, presque un hurlement de bête blessée.

_Casse toi !

Oups. Il aurait peut être dû réfléchir un peu plus. Bestiole s'est levé, tiré de son sommeil, aux aguets, prêt à attaquer le premier intrus qui oserait s'attaquer à eux. Il grogne, mais ses grognements sont couverts par un cri beaucoup plus strident, par des pleurs d'enfant affolé, réveillé en plein sommeil. Le coeur d'Aki rate un battement avant de battre d'une façon désordonné et surtout douloureusement violente. Il se relève précipitamment pour la prendre dans ses bras, se forçant à trouver un souffle régulier, serrant le petit corps parcouru de violents tremblements contre lui.

_Chuuuut ma puce, je suis là, calme toi... Papa est désolé...

La pensée que tout le monde puisse l'entendre le traverse soudain, et cela l'aurait glacé sur place si son instinct n'avait décidé de le placer en mode mécanique pour continuer à s'occuper de l'enfant. Son cerveau marche d'une façon détachée de ses gestes, alors qu'il s'inquiète de savoir si oui ou non on va les entendre. On lui a bien assuré que les chambres étaient parfaitement insonorisées, pourtant il a entendu Brandon dans le couloir ! Peut être que l'insonorisation se limitait aux autres chambres, pas au couloir.

... Et là il se demandait sérieusement pourquoi il se posait cette question maintenant. Il revenait brusquement à la réalité, se rendant compte que sa petite chérie s'époumonait toujours sans qu'il n'arrive une seule seconde à la calmer. Il avait beau la bercer, continuer les mots gentils, pour le moment rien n'y faisait. Et il sentait qu'il se préparait à une trèèèès longue soirée, alors que la porte allait sans doute s'ouvrir d'un instant à l'autre.

**Brandon Jr. Brandon** Dim 16 Mai - 13:49

Quelqu'un a crié et un objet a heurté la porte. De deux choses l'une, soit Aki se bagarre tout seul, ce dont il serait capable, soit il se bagarre contre quelqu'un. Foutu cinglé. Il a pas été fichu de tenir un été sans se faire d'ennemis et mettre sa peau en jeu. Epais comme il est, d'ici qu'on le retrouve à l'hôpital... Ben tiens, voilà pourquoi il lui a à peine parlé et s'est barré comme un voleur. Pas con, le mec. Il savait que ça lui plairait pas. Brandon eut le réflexe d'enfoncer la porte, puis s'arrêta à la pensée que peut-être, il pouvait faire ça plus discrètement. Et puis il avait toujours la boule de poil dans la main. Il la posa dans le couloir, faute de mieux. Toute façon elle irait pas très loin. Bon allez, c'est parti pour Nanook...

"Nanook ? Sage."

C'était quoi ce jappement limite couinement plein d'amour et de joie ? Il était pas net ce chien. Il devait croire que son maître voulait jouer. Il se croyait dans Lassie chien fidèle ou quoi, son maître voulait se bastonner en l'occurence, prière de ne pas confondre. Il pourrait participer, mais plus tard, quand il serait grand. Tout ça le temps de se retourner vers la porte et de l'entrebaîller, avec toute la discrétion d'un grand costaud aux cheveux qui brillent dans le noir décidé à prendre sa part de coups de meuble dans la tronche.

Eh ben qu'est-ce que c'était calme, en fait, chez Aki... Pendant un instant, Brandon se demanda par où les belligérants s'étaient fait la malle. Mais la conclusion était évidente : Aki s'était bel et bien bagarré tout seul. Brandon préférait ça. C'était un peu une rivalité, cette histoire à laquelle il avait pensé. Bon, il la réduirait en miettes, c'était pas un problème, mais le fait que ce soit possible serait resté comme un doute permanent, et il aurait détesté ça.

Il ressortit un instant, ramassa la boule de poils, rentra et referma derrière lui. Un instinct lui disait que le bruit du bébé qui miaule était mieux à l'intérieur qu'à l'extérieur de cette pièce. Ce bon vieux Bestiole était là, bien sûr, mais pour une fois ça n'accaparait pas ses moindres attentions. Il était vaguement fasciné, au point qu'il lui fallut plusieurs secondes avant de trouver un truc à dire - sans même parler d'un truc intelligent.

''Tu devrais lui chanter une chanson... Avec la mienne ça marchait, et je suis pas chanteur comme toi.''

Sa petite soeur, bien sûr. C'était la petite soeur d'Aki, ça, sans doute...

**Yamagata Aki** Dim 30 Mai - 13:08

Mais quel con, voilà qu'il était rentré. Il pouvait pas juste lui foutre la paix, non ? Et son pote, là, celui qui allait dans sa chambre dès le premier soir, il était où, hein ? Il attendait sagement dans le couloir comme un bon toutou ? Merde, il pouvait pas juste le laisser tranquille ? C'était de sa faute en plus si en ce moment même il était dans cette galère, s'ils avaient les oreilles transpercées par des cris sans fins. Et l'éternelle remarque : comment un bruit aussi atroce pouvait sortir d'une si petite chose ? Ca avait de quoi faire exploser le crâne, ce genre de chose, même pour un musicien habitué à se donner à fond avec un retour d'enfer.

Oui, là, il n'avait pas vraiment le temps de s'occuper de Brandon. Il en avait pas non plus envie d'ailleurs, surtout que la petite semblait toujours aussi terrifiée. Il commençait à reconnaître ses cris, maintenant... La berçant toujours, il ne daigna pas même jeter un regard à Brandon, pas même un de ceux pleins de colère froide dont il avait si souvent l'habitude. Non, là, la seule chose qui comptait c'était le petit être qui pleurait tout son saoul entre ses bras. Bestiole, à ses pieds, s'était mit à grogner contre l'intrus. Bien qu'il reconnaisse parfaitement le nouveau venu, il se devait de protéger ses maîtres contre tous ceux qui auraient voulu leur faire du mal.

Pourtant, l'idée lancée n'était pas si mauvaise en soit... Alors même s'il ne regarda pas Brandon une seule seconde, même s'il fit mine de l'ignorer totalement, la voix du jeune chanteur ne tarda pas à s'élever dans le petit espace de la chambre. Moins grave qu'à l'ordinaire pour ne pas effrayer l'enfant plus que ce qu'elle ne l'était déjà, Il s'agissait d'une balade, un truc qu'avait écrit Aki dans la solitude de sa chambre, alors que la petite dormait à côté et qu'il ne pouvait rien faire d'autre que rester assit à attendre que le sommeil vienne le prendre à son tour. Il l'avait composé pour elle, cette chanson, et personne jusqu'à maintenant ne l'avait jamais entendu. Il n'en avait pas vraiment eu honte, ce n'était pas ce qui convenait le plus comme expression. Mais l'idée de la ressortir du fin fond de sa mémoire ne lui serait sans doute pas venue sans une situation particulière comme celle là. D'autant plus qu'il ne chantait jamais pour sa fille. Une pudeur qui ne lui ressemblait pas, mais il avait l'impression qu'il se passerait quelque chose de terrible si jamais un jour il le faisait...

Et pourtant. Rien de terrible, pas de catastrophe. Juste des cris et des pleurs qui s'apaisent lentement, progressivement. Il continue à chanter, doucement. Les yeux noirs ne le quittent pas une seule seconde, et ils sont sans doute autant fasciner l'un que l'autre par ce qu'ils découvrent en cet instant. Et le monde autour n'existe plus. Les grognements de Bestiole se sont calmés même s'il reste à l'affut. Mais rien n'existe plus que cette chanson, que ce regard échangé, prolongé...

Bientôt, cependant, les petits yeux se ferment, vaincus par la fatigue. Aki, avec un sourire d'une tendresse peu commune sur son visage, remet la tétine entre les lèvres entrouvertes, qui s'en emparent avidement. Il la garde, juste quelques secondes encore, serrée contre son cœur, pour finalement aller la reposer dans son petit lit défait, remontant sa couverture pour éviter qu'elle ne prenne froid. Un dernier regard...

...Et le voilà qui doit revenir à la réalité. Vide. Il se détourne, va s'assoir sur le lit. Toujours sans un regard pour Brandon. Il s'y laisse presque tomber, ramène les genoux sous son menton. Et enfin, ses yeux noirs, nullement cachés par quelques lentilles de contacts, se posent sur Brandon. Indifférent. Vidé de tous sentiments. Et il ne dit pas un mot. Non, maintenant, Aki attend. Après tout, il a insisté pour entrer. S'il a quelque chose à lui dire, qu'il parle. Aki, lui, attend.

**Brandon Jr. Brandon** Mer 2 Juin - 0:24

Il chantait quand même drôlement bien, ce mec. Même si c'était différent de ce que Brandon avait déjà eu l'occasion d'entendre, il ne regrettait pas d'avoir proposé. Tant qu'il était là, il profita du spectacle, pas gêné pour un sou, après tout c'était parfaitement naturel. Enfin... ce qui ne l'était pas, c'était de trouver Aki encombré de ce petit bout de viande braillard. Il devait se passer quelque chose de grave pour qu'il en prenne la responsabilité en plus des études qu'il était en train de suivre, et qui n'étaient pas des moins exigeantes. Brandon préférait ne pas chercher à imaginer quoi.

D'une part, il n'avait pas une capacité d'imagination très étendue, en dehors des situations de crise où il faut trouver une solution originale pour survivre. D'autre part, à force de ne regarder que des films de guerre, il avait tendance à imaginer immédiatement les pires scénarios catastrophe, et l'instinct qui l'animait concernant Aki lui interdisait de formuler même dans le secret de son esprit des possibilités de si mauvais augure. Pas qu'il soit superstitieux, mais... bon, il était un tout petit peu superstitieux.

Un coup d'oeil à la petite chose qui dormait maintenant, un sourire parce qu'elle était vraiment trop adorable - enfin pour un petit bout de viande braillard - et il revint s'asseoir à côté d'Aki, comme d'habitude. Enfin, comme ce qu'ils faisaient d'habitude avant l'incendie. Tout ça semblait à la fois si près et si loin...

''Elle est trop belle,'' tenta-t-il.

Si Aki pouvait s'expliquer de lui-même, sans qu'il ait à poser de questions, ça l'arrangeait. Bon, de fait, vu la tronche qu'il tirait, ça ne devait pas être le cas. Brandon se concentra et tenta une approche, histoire de ne pas juste balancer : tout le reste de ta famille est mort, pour qu'on te refile le paquet à garder ? Précisément à toi ? Ce qui signifiait à nous, mais pour le moment ça pouvait rester sous-entendu, sinon il aurait l'air de se plaindre. Bon certes, ça serait plus chiant pour se retrouver le soir, mais il ne se plaignait pas à proprement parler. Il s'y habituerait sans doute très vite.

''... Elle va rester toute l'année ?''

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